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Melchior en Suisse.
(une vue actuelle de Paudex avec le Lac Léman)
A Paudex ( du Canton de Vaud en Suisse), Melchior fait la connaissance de Gottlieb Wagner, bourgeois de Berne, celui-ci avait obtenu l'autorisation d'y exploiter un petit gisement minier.Après quelques tentatives de rentabiliser ce gisement minier, G.Wagner pense à la verrerie et reçoit l'autorisation de l'édifier le 13/07/1773.
Et comme il a besoin de capitaux et des compétences, il vend des biens propres, emprunte à des particuliers et s'associe à Melchior Schmid pour sa compétence en matière de verrerie et à Jean-Pierre Mathieu de Noyant pour celle en matière d'exploitation minière.
Et Gottlieb Wagner écrit notamment dans ses lettres et consultations ( mémoire de 48 pages):' Le 20 juillet 1775, par acte sous-seing privé, j'ai associé Mr Schmid à mon privilège à cause de sa science dans la verrerie.Le 16° octobre suivant, par acte aussi sous seing privé, Mr Scmid & moi reçûmes en tiers dans notre Société Mr de Noyant, à cause de sa science dans la fabrication des briques avec ce charbon, y comprenant le privilège des Mines '.
En réalité, le traité du 20 juillet ouvrait une période transitoire, un 'temps d'essai' pendant lequel Wagner conservait la totale propriété des biens, en attendant que Schmid ait ' pris les précautions nécessaires, pour avoir droit d'acquérir dans ce pays ' et celui du 16 octobre n'était qu' ' un projet de société ' !
Melchior Schmid est un homme d'affaires et un juriste avisé. Il s'est octroyé une période d'essai. Pour la direction de la verrerie, il s'est fait aider par Mr Gresely. Mais un an après, en juillet 1776, c'est la rupture !
Pour Melchior, il n'y a pas lieu de continuer; car le charbon de Paudex est de fort médiocre qualité et d'exploitation difficile. Par contre, il vient de découvrir un autre gisement, à une trentaine de km, près de Semsales, dans le canton de Fribourg.
Dès qu'il a la garantie d'obtenir l'autorisation de s'y installer, il cesse toute activité à Paudex, il s'en va et intente un procès à G.Wagner dont il tire 28 482 livres 10 soldes 1/2 denier !
Le procès qu'il engagea ( et qu'il perdit ! ) contre Schmid et Mathieu de Noyant conduisit Wagner à rédiger un mémoire de 48 pages, intitulé ' Lettres et consultations sur les difficultés entre Mrs Wagner, Schmid et Matthieu' dont la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne conserve un exemplaire.
Ce mémoire apporte un éclairage intéressant sur Melchior et sa conduite dans les affaires: il a beaucoup d'ambition et aime mener grand train !Ainsi dans la page 7 de ce mémoire, il est indiqué notamment : ' on a fait des dépenses considérables en bâtiments pour les logements de ces Messieurs, de leurs domestiques, de leurs ouvriers, & de chevaux particuliers '.
Melchior veut réussir mais dès que le fruit ne lui paraît pas assez juteux, il le jette...( selon G.J. Michel o.c.) et le malheureux Wagner en a fait la douloureuse expérience... et malgré son esprit querelleur et procédurier, il n'a pas pu obtenir gain de cause auprès des tribunaux. Melchior Schmid est un redoutable prédateur en affaires et le pauvre Wagner n'est pas de taille à lutter contre lui !
Le 21 novembre 1776, Melchior Schmid obtient des autorités locales la permission d'établir une verrerie dans le canton de Fribourg ( à Semsales), exploiter la houille et la production de briques.
Semsales depuis Progens
L'affaire semble avoir bien démarrée et un an après les débuts des travaux, on constate que ' l'établissement occupe déjà un grand nombre d'ouvriers et qu'il en occupera dans peu jusqu'à trois cents' ( Progens, Monographie de l'histoire de la commune et de la paroisse par Bourgoin ).
Les travaux sont menés avec vigueur et Melchior Schmid fonde sur la verrerie suffisamment d'espoir pour ne pas hésiter à acquérir des bien-fonds aux alentours.
Un contrat de société est signé le 22 mai 1778 avec Pierre Joseph Dechasal. Les tâches sont réparties ainsi : tout ce qui touche aux mines sera du ressort de Mathieu; quant aux verreries, la direction de celles de Savoie appartiendra à Dechasal et celles de Suisse aux Schmid.
Mais ce rapprochement avec Dechasal semble signifier aussi que les affaires s'essouflent faute de moyens financiers suffisants, les dettes commencent à s'accumuler et les frères Schmid vendent finalement les droits en juillet 1782 à Mathieu qui cède ensuite l'ensemble en 1784.
C'est un triple échec pour Melchior Schmid... il n'a pas réussi à percer dans le domaine de la houille, car les gisements restent de mauvaise qualité et les capitaux à mobiliser sont trop importants.
Même si l'idée de substituer la houille au bois est une idée novatrice permettant d'impulser le métier de verrier à un stade plus industriel, Melchior reste un pionnier en la matière. Michel Robichon à Givors aura plus de chance que lui !
Mais Melchior aura l'intelligence de sortir à temps de cette impasse et se tourner résolument vers la formule traditionnelle ( verrerie chauffée au bois) en s'installant à Boucard ( département du Cher ).Il pourra mettre à profit son expérience, ses talents et son intelligence en développant au centre de la France une manufacture qui fera son renom : le maître-verrier le plus doué de son époque !