Château de Boucard
C'est le marquis de Langeron, lieutenant-général de Franche-Comté, qui proposa à Melchior Schmid de venir à Boucard (département du Cher). Il a connu le marquis probablement lorsqu'il se rendait à Miellin chez son beau-père Edme Gleize, qui est capitaine des fermes du Roi à Langres.Melchior avait épousé sa fille, Claude-Nicole Gleize.
Il existait à Boucard, une verrerie qui était restée pratiquement à l'abandon par son propriétaire dénommée François Piéton suite à un incendie qui a détruit la halle la nuit de la Saint-Sylvestre de 1778.
Melchior prend donc la direction de cette verrerie fin 1780, fait un apport en numéraire tant par lui que par son frère Claude-Joseph. En plus il fait appel à François-Xavier Bletery, négociant demeurant à Belfort en Alsace; car il a besoin de beaucoup d'argent pour développer cette affaire.
Dans un premier temps, il fait reconstruire la halle et reprend le bail de la verrerie laissée libre à la mort de l'ancien propriétaire - bail conclu le 25/06/1781 avec le marquis de Langeron.
Fidèle à ses habitudes, Melchior même grand train, voit grand et prévoit des travaux conséquents...
- des habitations pour le logement des familles de verriers et d'ouvriers ( constructions essentiellement en bois);
- une vaste demeure en 'pisé-bauché' couverte de bardeaux de bois (aissifs). Les murs intérieurs et les plafonds seront plâtrés et décorés, avec goût, des moulures en stuc.Les cheminées seront en pierre sculptée à la manière de l'époque (style Louis XVI);
A côté de la demeure, seront construits le bureau et le magasin de la verrerie( cette maison existe encore. Malheureusement elle a été totalement transformée.Selon D.Lacroix, celle-ci ressemblait assez par son plan, au bâtiment de direction de la verrerie de Lettenbach à St Quirin, Moselle).
Tout ce qui reste de la maison de Melchior Schmid à Boucard. Cette partie restaurée servait à l'origine de magasin et à l'étage de chambres pour les verriers de passage ( renseignements et photo de M. Dominique Lacroix)
Et pour terminer, Melchior, n'oublie pas son attachement à la foi catholique en construisant une chapelle. Les Schmid ont toujours été catholiques et le fait d'avoir cotoyé, très tôt dans leur histoire, les abbayes de la Forêt-Noire n'est pas étranger à cet attachement religieux. D'ailleurs Melchior compte parmi ses frères, Michel, moine cistercien à Clairvaux et prieur de La Boissière en Anjou. Pour sa chapelle, il fait installer une cloche qui sera bénie, en grande pompe, le 14 juillet 1785 et qui portera le nom de Marie-Térèse-François-Xavier.
manteau de la cheminée de la Verrerie de Boucard( photo de D. Lacroix)
Au sujet de ce manteau de cheminée, Dominique Lacroix pose la question d'une éventuelle appartenance de Melchior Schmid à la franc maçonnerie. Ainsi il explique les symboles représentés de la manière suivante: "
"La cheminée du salon de la verrerie de BOUCARD, dans sa décoration laisse supposer les idées du maître de verrerie. Elle est de style Louis XVI, en pierre, et son manteau est orné d'une frise représentant les outils maçonniques : le compas (qui symbolise la mesure dans la recherche), l'équerre (la rectitude dans l’action), la règle (la précision dans l’exécution) et des ornements tels que la branche d’acacia (arbre funéraire qui symbolise la mort mais aussi l’idée de vie après cette mort donc l’éternité) ou le chapiteau (miniaturisation des colonnes du temple de Salomon) autres symboles forts de la maçonnerie." ( Melchior Schmid a-t-il été franc maçon ? par D. Lacroix)
- l’acacia est aussi symbole d’innocence, terme qui figurait dans l’intitulé des loges du XVIIIe siècle : « lieu très éclairé, asile de la vertu où règnent la Paix, l’Innocence et l’Egalité ».
La Verrerie connait une réelle prospérité.Elle compte en 1785 une cinquantaine d'ouvriers, produit du verre à vitre qui part surtout vers Paris où elle a ouvert un entrepôt tenu par Colombot et des bouteilles qui descendent le val de Loire par le port à Saint-Thibault.Et le verre est même expédié vers l'Amérique.
Dès 1785, la Verrerie prend le titre de Verrerie Royale de Boucard.
Mais Melchior, toujours aussi entreprenant et prévoyant, reprend le bail de la ferme de la Suisserie (20/09/1785), louera (bail du 17 septembre 1788) une des cinq métairies 'La Basse-cour' de la verrerie d'Oizon et afferme la verrerie proprement dite, appelée également d'Aubigny.
Les deux Verreries de Boucard et d'Oizon fonctionneront dorénavant en synergie et le personnel est très mobile, se déplaçant en fonction des besoins de l'une ou de l'autre.
(Les sources proviennent de l'ouvrage de D.Lacroix intitulé "La Verrerie Royale de Boucard, 1777-1806" 1996)
la grange du château de Boucard