L'attrait de la Forêt Noire

' Ce n'est qu'à partir du XVII° siècle que le coeur du massif est plus largement offert aux verriers par les seigneurs ecclésiastiques - abbayes bénédictines de Sankt-Peter et de Sankt-Blasien - et laïques - notamment les Fürstenberg - qui cherchent alors à tirer profit des forêts jusqu'alors abandonnées à la nature et restées sauvages.

Dans un premier temps, l'exploitation des cantons proches des villages avait été laissée à des associations de flotteurs qui s'intéressaient uniquement aux coupes que, grâce à l'aménagement des torrents, ils pouvaient descendre par flottage vers la plaine, et qu'on pouvait ensuite avantageusement livrer aux grandes villes comme Bâle et Strasbourg.Mais des échecs portant sur des marchés importants et l'impossibilité d'exploiter autrement le bois de mince valeur sur les sommets et les fonds de vallées inaccessibles incitèrent les seigneurs propriétaires de vastes massifs forestiers à établir des verreries: dans l'immédiat, ils percevaient une redevance annuelle - dont le taux allait d'ailleurs croissant à chaque renouvellement de contrat - et, à moyen terme, les terres défrichées pouvaient être concédées à des colons selon la tradition féodale. Ou, ce qui semble plus probable, ils envisageaient d'emblée de ' défricher et arriver à utiliser au mieux ' le canton concédé aux verriers: lorsque l'administration des Fürstenberg accorda l'autorisation de fonder une verrerie dans le massif du Feldberg en 1634, elle spécifia que le terrain défriché devait être planté ' car ils ( les verriers) doivent cultiver du chanvre et du lin et faire un jardin potager et des champs avec blé et betteraves et, s'ils l'omettent, l'autorité s'y opposera ' . L'avantage était évident de confier cette tâche aux verriers plutôt qu'aux autres travailleurs de la forêt, charbonniers notamment : la consommation en bois était si importante que le défrichement était très rapide.

L'abbaye bénédictine de Sankt-Blasien fut de loin la plus active dans l'exploitation des forêts qui couvrent les alentours du Feldberg et l'établissement de verreries. Par une remarquable déhiscence, elles devaient féconder non seulement les environs immédiats, mais, loin au-delà, faire naître de nombreux établissements en Lorraine, en Alsace, en Suisse, en Franche-Comté, et ailleurs ' ( livre de Guy-Jean Michel ' Verriers et verreries en Franche-Comté au XVIII° siècle ' Tome 1 p.41-42 )

( carte de la Forêt Noire avec les principales verreries du livre de G.J. Michel 'Verriers et verreries en Franche-Comté au XVIII°siècle' T1 p.40 )